Friday, August 10, 2012

Talon




Je suis…compliquée (c’est le moins qu’on puisse dire !). J’ai beaucoup de choses qui me rendent heureuse, mais il me manque toujours quelque chose. Je suis en fait une éternelle insatisfaite, ce qui me rend triste la plupart du temps.

Talon l’avait compris. Il avait en fait compris beaucoup de choses. Et il me manque. Comment quelqu’un que j’ai « connu » si peu de temps peut-il me manquer à ce point ? C’est très simple : je m’investie énormément dans toutes mes relations avec autrui. C’est à la fois une qualité, mais bien souvent c’est aussi un défaut. Je m’attache aux personnes. Trop, diront certains. Et à chaque défection, c’est un peu de mon cœur qui s’en va. Alors lorsqu’un de mes amis meurt… Je vous laisse imaginer le trou que ça fait dans mon cœur.

Talon était quelqu’un de foncièrement bon. Je ne l’ai jamais entendu dire du mal de quelqu’un, sauf lorsque ce quelqu’un touchait à l’un de ses amis. Il était entier. Il était fort aussi, très fort. Plus fort que je ne le croyais. Et égoïstement, je ne me remets pas de sa disparition. Je dis égoïstement, parce que je n’étais rien pour lui, comparé à sa sœur jumelle ou à son mari virtuel. Je n’étais qu’une amie, son papillon. Je suis maintenant un papillon qui a les ailes coupées. Je ne peux m’empêcher de pleurer chaque fois que je pense à lui, ou que j’ouvre mon ordinateur portable (et oui, j’ai mis une photo de Talon comme écran de veille. Il est donc toujours là, à me regarder).

J’ai également fait deux vidéos après sa disparition. Une que je ne peux pas rendre publique (elle contient des photos de Talon ainsi que les lettres d’adieux qu’il a écrites pour quelques uns d’entre nous, dont j’ai le privilège de faire partie. Tout cela est très privé et je ne peux en faire profiter personne, à part bien sûr les personnes concernées dans cette vidéo. La deuxième est publique. Juste quelques photos de chats (Talon) accompagnés de papillons (moi). Et bien que je connaisse par cœur ces deux vidéos, elles m’arrachent des larmes à chaque fois. Elles me font sentir combien il est injuste que homme comme Talon disparaisse alors qu’il avait encore tant à faire, tant d’amour à donner, tant de vie en lui malgré sa maladie.  

Je n’ai pas pu partager mon chagrin avec les autres. J’ai beaucoup de mal à exprimer ce que je ressens devant une si grande perte. Je suis peut-être parue un peu insensible pour certains, mais je suis loin de l’être. Je ne peux tout simplement pas exprimer ma peine en Anglais. Je peux écrire beaucoup de choses dans cette langue, mais le désarroi profond que je ressens devant une telle injustice ne peut se dire que dans ma langue natale.

 Alors, voilà. C’est ma manière à moi de lui dire au revoir (surtout pas adieu !).

Talon, tu me manques. Tu étais là quand tout le monde dormait, et tu me tenais compagnie. Deux insomniaques, mais pas pour les mêmes raisons. J’ai un regret pourtant. Tu me pressais de finir de lire ton livre, me disant que tu voulais vraiment avoir mon opinion. Et je ne l’ai malheureusement fini qu’après. Je ne comprenais pas ta hâte. Je suis maintenant consciente que tu savais que la fin était proche et que tu voulais accélérer les choses. Je suis tellement désolée de ne pas t’avoir donné au moins ça. Tu ne peux pas savoir combien je regrette. J’aimerais tant avoir une autre chance. Ce n’est malheureusement pas possible et c’est quelque chose qui pèsera sur mon cœur pendant très longtemps. Alors je te supplie de me pardonner de là où tu te trouves. Je sais que tu l’as déjà fait, tu étais gentil à ce point. Mais moi, j’ai un peu de mal à me pardonner.

Je sais que tu es maintenant libre dans un sens. Et j’en suis heureuse pour toi. Mais mon côté égoïste a du mal à l’accepter. Saches que tu seras éternellement dans mon cœur, et ce ne sont pas des paroles en l’air. Je le pense vraiment. Comme quoi, Facebook peut amener dans nos vies des personnes exceptionnelles qui marquent pour toujours les personnes qu’elles touchent de leur aura. Ton aura à toi était magnifique, et je peux encore la voir briller à travers tous tes amis et ta famille qui entretiennent ta mémoire.

Au revoir mon ami. Veilles sur ceux qui t’aiment.



P.S : si j’ai choisi ce blog pour écrire cette lettre, c’est parce que je t’avais dédié une page, et que tu étais comme un enfant devant une sucrerie. Je suis heureuse d’avoir fait ça pour toi et de voir à quel point cela te faisait plaisir.



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